Welcome to Florida (2) : de Miami à Key West
Par Gollum | Le 28/10/2013Dans la première partie - Welcome to Florida (1) : de Orlando à Miami - j'avais parlé des quelques pêches que j'avais faite en eaux douces.
Attaquons maintenant la partie plus "exotique" : l'océan. Préparez les pop-corns, ça va être long !
Au sommaire :
Notre hôtel étant situé proche de la mer, je vais pouvoir m'en donner à coeur joie !
Je sais qu'il y a pas mal de beaux (et gros) poissons à prendre par ici, mais je n'aurais pas le temps de les chercher spécifiquement. Je vais au plus facile et surtout au plus productif : le rockfishing !
Le but est donc de pêcher dans les rochers du rivage, avec des petits leurres, pour prendre un maximum de petits poissons.
Premier jour
Je vais commencer juste à coté de l'estuaire de la Miami river .
Pendant une bonne demi-heure, j'esse de pêcher à vue des poissons qui sont à mes pieds. Sans succès : au mieux, ils regardent le leurre souple avec intérêt mais ne bouge pas. Au pire ils en ont peur... C'est dommage, certains poissons ressemblaient littéralement à des (superbes) poissons d'aquarium : bleu vif, rayé noir et jaune, et autres couleurs tropicales...
Cela dit, il y a un risque à la technique du "rockfishing" : c'est de la prendre au sens littéral ... pêche de rochers ! Les leurres n'apprécient pas trop ;)
Du coup, je tente quelques lancés plus appuyés, "à l'aveugle". Et après quelques minutes, c'est parti !
C'est tout petit et ça fait vrombir le moulinet comme une belle carpe de rivière !
La canne plie bien, le moulinet siffle et j'ai plusieurs dizaines de mètre de fil qui partent en quelques seconde ! Du coup, je suis tout surpris quand, après 4/5 minutes de combat, je vois arriver en surface un poisson de 150 grammes à tout casser !
Ok, les poissons de mer sont plus puissants qu'en rivière.
Ok, mon matériel est assez light (bas de ligne en 17/100 flurocarbone).
Mais quand même, c'est tout petit et ça fait vrombir le moulinet comme une belle carpe de rivière ! Impressionnant.
Il s'agit donc ici d'une petit carangue !
En quelques minutes, j'en sors 5 autres, toutes au même endroit : le banc est sur le poste ! Dès que le leurre touche l'eau, ça part direct. D'ailleurs elles sont commes des folles : souvent, le banc suit le poisson piqué pour essayer de piquer le leurre qui dépasse de sa gueule...
Et un petit bluerunner , une autre espèce de carangue :
Et d'un coup, pfffiioouut ! Plus rien, les poissons sont partis.
Je me déplace un peu, tente à gauche à droite, sans succès. Je change alors de leurre et tente un leurre de surface, au cas où. Sans succès.
Je passe au petit poisson-nageur. Je pique un poisson pas beaucoup plus gros que le leurre en longeant la rive, mais j'ai l'impression que ça relève plus du coup de chance que de la réelle efficacité du truc.
Allez, il est temps de s'arrêter pour aujourd'hui... sinon j'en connais une qui va faire la gueule !
Et de toute façon, la nuit approche ...
2ème pêche en rockfishing
Je retente une courte pêche un soir, toujours avec un petit leurre souple, vu que c'est la méthode qui semble la plus efficace.
En me déplaçant régulièrement, je pique pas mal de poissons - uniquement des espèces nouvelles pour moi ! C'est le pied de ne jamais savoir le poisson que l'on va piquer !
Ici, dans l'ordre : un mutton snapper , une sole et une sand perch !
En revanche, j'ai eu énormément de touches ratés : les poissons semblent "croquer" dans le leurre mais sont très méfiants... ou plus simplement, ils n'ont pas forcément tous une gueule suffisamment grande pour engamer le petit leurre de 2 pouces. Du coup, j'obtiens un leurre qui a de plus en plus de "trous" ... et qui finit en lambeau au bout de quelques lancés seulement.
D'autres fois, le leurre est purement est simplement coupé en deux à la touche ! Violent...
A ce rythme là, ma boite va vite être insuffisante !
Dernière pêche à Miami
Dans quelques heures, c'est le départ pour Key West. Mais je n'ai pas pu résister à l'envie de me lever avec le soleil, pour essayer de prendre encore quelques poissons !
Je prend quelques poissons désormais connus : des muttons snapper et des sand perch !
Et d'autres complètement nouveaux pour moi : un poisson-lézard , et une espèce de grunt !
J'adore ça ... !
Pour la fin des vacances, nous allons rester 3 jours et demi sur la dernière île de Key West, la plus grande et la plus "civilisée".
Pour ne rien vous cacher, j'étais vraiment impatient d'y être car mon amie m'avait annoncé à l'avance que j'aurais "quartier libre", pendant qu'elle irait à la plage. Ni une ni deux, direction google : " key west fishing guide " !
Et hop, emballé c'est pesé : ce sera 3 jours de pêche non-stop !
- Une après-midi en " party boat ", pour découvrir la pêche en bateau à peu de frais.
- Une journée au grand large, pour le tout gros .
- Une journée sur les "flat", pour rechercher tarpon , bonefish et permits.
En attendant, je tente une pêche rapide depuis une jetée.
Mon leurre souple se fait littéralement déchiqueté par les dizaines d'orphies qui patrouillent le long des rochers. Je réussirai quand même à piquer mon premier mérou, en lançant en plein courant, au large, pour éviter les orphies !
J'ai tenté quelques poissons-nageurs, sans succès : les orphies suivaient mais n'attaquaient pas.
En nous balladant dans Key West, nous avons aussi vu les "fameux" tarpons de la marina ! Ils restent en permanence dans le port, à l'affût des poissons et autres restes jetés par les bateaux de pêche ...
Nous avons aussi remarqué un petit truc rigolo : un distributeur de pellets ! Vous voyez les distributeurs de bonbon pour les enfants ? Vous mettez une pièce, vous tournez et vous récupèrez un petit jouet ou une boule de gomme ? Et ben pareil ici, mais avec une poignée de pellets à donner aux poissons ! Dommage que j'ai perdu la photo... Mais les poissons sont toujours au pieds du distributeurs du coup !
Une après-midi en "party boat"
Le but des party boat est simple : proposer au grand public et touristes des sorties pêches en mer. Il s'agit de gros bateaux pouvant accueillir au moins 20/25 personnes, de façon à réduire les coûts au maximum. En l'occurrence, une sortie de 4h revient à 65 dollars (soit environ 50 euros).
Afin de maximiser le nombre de prises (n'oublions pas que le public visé ne pêche pas ou très peu ! Il ne veut pas forcément du gros mais il veut s'amuser, pas attendre pendant trois plombes...), les pêches sont réalisées au dessus de récifs et autres haut-fonds, qui grouillent de poissons de toutes tailles.
Me voici donc à bord de l'un des ces bateaux. Le matériel est.. comment dire... rustique ! Mais l'ambiance est sympa.
Une fois au dessus du récit, on suspend un sac rempli d'une sorte de broumé (un mélange de sable, morceaux de poissons, de calamars, etc...) au cul du bateau. Et on secoue le sac vigoureusement de temps en temps, pour que ça "dégage" bien !
Il y a ensuite 3 méthodes de pêche :
- La pêche à soutenir : la méthode la plus utilisée car simplissime. Un gros plomb en bout de ligne et 2 hameçons en potence sur lesquels on accroche des morceaux de poisson ou de calamar. On descend tout ça au fond et dès que c'est bon, on fait 2/3 tours de manivelles pour décoller le montage. Et c'est tout, on attend !
- La pêche à dériver : pêche avec une tête plombée (toujours avec morceau de poisson ou calamar) que l'on fait dériver au fond, en contrôlant "légèrement" la dérive. Dans le principe, ça se rapproche vaguement de la pêche au toc (à une échelle différente hein ! On parle de minimum 50 mètres de fond ici...) : on laisse le montage toucher le fond et on essaye de le laisser dériver au ras du fond.
- Un gros poisson mort en plombée , pour tenter un big. Objectif : tout ce qui passe et qui a faim ! Thon, requin, mérou et autre barracuda... C'est la technique utilisée par l'équipage (sans succès) pendant que leurs clients s'amusaient sur les petits.
La très grande majorité des prises sont des yellowtail snapper , parfois des mutton snapper
Personnellement, j'ai commencé par la 2ème technique, en dérive contrôlée. Une fois le coup de main pris, la pêche est réellement très facile : les touches sont franches, on sent très bien les "toc toc" dans la ligne et les décroches sont rares.
La très grande majorité des prises sont des yellowtail snapper , parfois des mutton snapper . En moyenne, les poissons font de 15 à 35 centimètres, rarement plus (du moins, sur la scéance de pêche que nous avons faites).
Autour du sac de broumé, il y a en permanence une dizaine de gros Bermuda chub (en français : calicagère ) qui tournent en surface. Je vais d'ailleurs finir par un très joli à la descente : à vue d'oeil, 3 à 4 kilos. Ca se bats vraiment très bien !
Malheureusement, je vois vite la limite d'un bateau à destination des touristes - touristes qui veulent donc garder leur poisson à manger. Le chub n'étant pas a priori pas destiné à l'assiette, l'équipage n'y attache aucune espèce d'importance et le traite avec dédain : il ne veut pas sortir l'épuisette pour seulement "ça" ! Du coup, quand le capitaine tire le fil à la main pour remonter le poisson... bah... évidemment ça casse !
C'est pas de la pêche ça... Très déçu pour le coup !
Au final, je sortirai une dizaine de yellowtail snapper dans l'après-midi. Je n'ai pas eu le temps de prendre de photos car l'action est assez frénétique : on se déplace jusqu'au récif pendant 30 minutes, on pêche à fond 20 minutes, puis on change de poste (30 minutes) et rebelotte comme ça toute l'après-midi. En gros, la pêche en elle-même est très courte et on se retrouve souvent en mode "vite-vite-vite-depêchons-nous", sans même s'en rendre compte !
Un type de pêche assez spécial mais, pour se mettre dans le bain et au vu du prix, pas trop mal tout de même.
Au retour, nous croiserons un orage tropical... petit mais intense, et magnifique !
Cette fois, ça va être un peu plus sérieux !
Rendez-vous est pris avec FishMonster pour 6h de pêche en haute mer ! Pour ne pas trop faire souffrir le porte-monnaie, ce sera du "shared trip", donc un bateau pour plusieurs pêcheurs. En l'occurrence, nous serons 4 pêcheurs (dont 1 ayant son matériel) donc nous alternerons les prises entre 3 pêcheurs. Il y a également à bord les 2 guides de pêche (le capitaine du bateau et son fils) ainsi qu'un scientifique qui mesure les prises, fait des prélèvements, etc.
La stratégie de pêche est simple : le bateau se déplacera le long du récif, là où la profondeur plonge brutalement. Pour avoir vu l'écho-sondeur, la cassure est brutale : on passe en quelques mètres de 120 mètres de fond (coté récif) à plus de 250/300 mètres.
La pêche sera une alternance de " trolling " (pêche à la traine) le long de la cassure et, sur les spots fixes les plus intéressants, de pêche à soutenir avec de gros morceaux de poissons et de jigging .
Pour ceux qui ne connaissent pas, le jigging consiste laisser descendre au fond un leurre très plombé :
L'animation est ensuite TRES énergique : on remonte le leurre le plus vite possible d'un grand coup de canne, on mouline à fond en baissant la canne, et on recommence ! Voici une vidéo d'exemple de jigging (note : je n'ai rien filmé ce jour là par contre, désolé... ce n'est pas "ma" vidéo ci-dessous) :
Bref, passons au plus intéressant : la pêche proprement dite !
Il nous faut environ 40 minutes pour arriver sur la cassure récifs / grands fonds. Parfait, le temps de s'habituer aux tanguages du bateau ; plutôt énergiques pour un "terrestre" plus habitué au plancher des vaches qu'au pont d'un bateau sur l'océan agité !
Pour le trolling, 5 lignes sont mises à l'eau, toutes à des endroits différents autour du bateau, pour maximiser la recherche du poisson :
- Une ligne à une centaine de mètre derrière le bateau.
- Une autre à une vingtaine de mètre.
- 2 lignes sont "écartées" du bateau par un "clip" (aucune idée du vrai nom de ce matériel), comme on le voit sur cette photo :
- La dernière ligne est trainée en profondeur, là encore à l'aide d'un "clip", attaché à un poid que l'on descend avec une sorte de treuil. A la touche, le clip libère le fil évidemment !
Les leurres utilisés pour le trolling sont soit des machins comme ça :
Soit des gros poissons-nageurs :
Le capitaine doit régler la vitesse du bateau de façon à ce que les poissons-nageur et autres leurres nagent suffisamment vite pour que l'on puisse couvrir une bonne distance dans la journée.... mais pas trop vite, pour ne pas que la nage des leurres se "décroche".
Après une quinzaine de minutes de traîne, une canne démarre ! Celui-ci sera pour moi ! Je prend la canne pendant que l'équipage m'accroche une ceinture de combat.
Premières impressions :
- La canne main gauche et le moulinet main droite, c'est dur quand on n'est pas habitué !
- Damned , c'est toujours aussi costaud que ça à tourner un moulinet mer ??
Je sens bien que le poisson tire, mais globablement, je n'ai quand même pas trop de problème pour ramener le poisson... si ce n'est que je galère bien avec le moulinet !
5/10 minutes après, voici mon premier thon qui est à bord ! Génial !
Heu... pour le tenir, c'est autre chose qu'un poisson de rivière, ahahah ! Ca a de la force ces p'tites bêtes !
Allez, c'est reparti ! 20 minutes après, c'est un autre petit thon qui rejoint le bateau, rapidement suivi d'un 3ème.
Et d'un coup, sans prévenir, ça devient l'anarchie : un moulinet commence à siffler ; le temps que l'on se lève, une 2ème canne démarre aussi. Puis 3, puis 4 ! On a à peine eu le temps de réagir que 4 moulinets sont en train de débiner du fil à toute vitesse !
Un premier poisson se décroche, les autres semblent bien piqués : tous au combat !
Quelques minutes plus tard, nous sortirons chacun une jolie dorade coryphène (appelé aussi " mahi-mahi " ou " dolphin " - rien à voir avec les dauphins !) !
Au moment où nous allions repartir, le capitaine voit 2 autres dorades coryphène proche du bateau. Du coup, on change de stratégie en vitesse : un grand sac de petits poissons est sorti et on commence à "agrainer" les poissons par poignée, pour essayer de maintenir le banc de mahi-mahi aux alentours du bateau ! Et oui, quand on connait bien la pêche du gardon ou de la carpe, on peut pêcher tout pareil en mer .... enfin presque !
Malheureusement, nous n'avons pas été assez rapide à réagir et le banc est parti avant d'avoir vu la "pluie de poissons" ! Dommage.
Nous repartons vers une zone prometteuse, pour pêcher à poste fixe quelques minutes, voir si quelques beaux poissons sont en vadrouille...
Au passage, quelques petits thons sont ramenés au bateau :
Je pêcherai à soutenir pendant qu'un autre pêcheur fera du jigging. Autant vous dire que, si la pêche à soutenir est plutôt simple (voir basique), ça fait tout drôle de devoir attendre plusieurs minutes pendant que le moulinet se débobine à tout va, le temps que le plomb (de plusieurs centaines de grammes) arrive au fond ! Pour vous donner une idée, vous avez le temps d'ouvrir le d'ouvrir le pick-up et de boire un café : le plomb ne sera pas encore arrivé au fond.
Une fois en action, j'ai rapidement 2 belles tapes dans la canne ... que je rate misérablement. En fait il ne faut apparemment pas ferrer, mais au contraire mouliner légèrement à la touche : le poisson voyant l'appât repartir se jette dessus de plus belle et se ferre alors de lui-même.
Mon coéquipier - en jigging donc - a plus de chance : à la première remontée du leurre, c'est l'attaque ! Un joli combat s'engage...
Et voici un joli cobia !
Le sang gicle littéralement et les vagues deviennent rouges !
On repart en trolling vers un autre poste. Sans trop de succès d'ailleurs : à peine un mini-thon.
En revanche, nous avons eu notre dose d'adrénaline : un pêcheur était en train de ramener tranquillement un joli thon quand tout à coup, alors que le poisson arrivait près du bateau, un énorme barracuda est sorti de nulle part pour violemment attaquer le thon !
A la première attaque, il a sectionné la queue du thon... puis, alors que la mer devenait rouge de sang, le barracuda continuait à tourner autour... pour attaquer une deuxième fois, puis une troisième ! A chaque coup de dent, on croit assister à un remake des "Dents de la mer" : le sang gicle littéralement et les vagues deviennent rouges !
Après l'agonie, la mise à mort : à la dernière attaque, le thon se décroche de la ligne et le barracuda l'englouti directement.
Sur le bateau, on est tous abasourdi !
On repart vers un autre poste, sur lequel on va recommencer notre doublé pêche à soutenir / pêche en jigging. Et c'est de nouveau le jigging qui fonctionne : un BIG est piqué !
Le moulinet siffle... et ne semble jamais s'arrêter, au point que le capitaine est obligé de remettre en marche le bateau pour suivre le poisson. Il y a environ 150 mètres de fond sur ce poste et, une fois piqué, le poisson n'a plus décoller ! Il se contente de foncer droit devant lui, sans ralentir le moins du monde. La canne est pliée en deux et le moulinet ne s'arrête plus !
25 minutes plus tard : je ne crois pas que le pêcheur ait réussi à gagner un seul mètre de fil depuis le début ! Le poisson continue à partir inexorablement... Et ce qui devait arriver arriva : la casse ! Après avoir mouliné pendant bien 5 minutes, le temps de reprendre tout le fil, on découvre la cause : l'anneau brisé qui reliait l'hameçon au leurre a cassé. D'après le capitaine, pour réussir à malmener la ligne (et le pêcheur...) de cette façon, il s'agissait d'un requin de minimum 150 kilos... !!
Malheureusement, il est maintenant déjà temps de rentrer au port...
La pêche au gros était finalement assez différente de ce que j'imaginais : plus de "petits" poissons pris, moins de sensations (matériel trop lourd/puissant)... mais quelques bonnes doses d'action néanmoins ! Une bonne expérience !
Pour finir, voici la journée que j'attendais le plus : 6h de pêche sur les flats.
Qu'est-ce qu'un flat ? C'est ça :
L'objectif est simple : je veux prendre un tarpon ! D'après ce que l'on peut voir sur le web, aussi bien sur les vidéos que sur les commentaires des pêcheurs, ce poisson semble être à peu de chose près la quintessence des poissons de combat : il se bat comme un fou, il saute partout, il atteint des tailles impressionnante et il a une endurance incroyable !
Bien que ce ne soit plus la saison (les meilleurs mois étant d'avril à août), le guide, Captain Lenny , est confiant. La veille, il était sur un poste avec plusieurs dizaines de tarpons tout autour du bateau... Et au pire, on pourra toujours se rabattre sur les poissons les plus actifs en ce moment : les bonefish et les permits !
Rendez-vous est donc pris à la Marina à 6h du matin ! Le but étant d'arriver suffisamment tôt sur le poste pour voir les poissons arriver et être prêt à pêcher dès l'aube. En ce moment, les poissons se nourrissent à l'aube sur les flats et, dès les premières chaleurs, retournent vers les profondeurs. Il faut donc les intercepter pendant ce cours laps de temps !
Nous avons environ 30 minutes de bateau pour arriver sur le poste : un chenal de 1 à 2 mètres de fond, lieu de passage entre deux zones plus profondes. Une fois sur place, la technique consiste à lancer un gros leurre souple et à le ramener en linéaire assez rapidement. Idéalement, il faut pêcher à vue, mais à défaut ...
Pour repérer les tarpons, c'est assez facile : ils se manifestent en surface par des "rolling", c'est à dire des poissons qui montent en surface, comme des dauphins.
Après une trentaine de minutes de pêche "à l'aveugle", nous apercevons un premier tarpon ! Il faut relancer en tenant du courant et de la direction prise par le poisson, pour mettre le leurre sur sa route. Sans succès.
Après une dizaine de poissons aperçus en 1 heure, il faut bien se rendre à l'évidence : les tarpons ne sont pas très nombreux sur ce chenal ce matin !
Nous décidons qu'il est temps d'aller voir sur d'autres postes, notamment sur les "vrais" flats : les grandes étendues d'eaux très peu profondes, qui sont un peu la "marque de fabrique" de Key West ! Nous alternons criques magnifiques, grandes étendues de sable, petits chenals entre 2 bosquets d'arbres à moitiés immergés, et flats composé de rochers et d'algues.
Sur l'un des chenals, nous croiserons la route de 4 ou 5 requins à pointe noir, qui nageaient sous le bateau, dans 1 mètre d'eau à peine. Quand on voit qu'ils font 2 mètres en moyenne et qu'ils sont à portée de main, c'est assez impressionnant !
Dommage, ce n'est pas notre cible aujourd'hui ! Par la suite, nous allons amèrement regretter de ne pas nous être arrêté là pour pêcher ces jolis poissons ...
Il est 9h30. Voici maintenant plus de 3 heures que nous cherchons les tarpons et passons de flat en flat. Les seuls que nous avons aperçus étaient sur le poste initial, et ils n'étaient pas assez nombreux pour les chercher spécifiquement...
Il est temps de changer notre fusil d'épaule : on change de matériel et c'est parti pour les bonefish et permits !
Pour les bonefish, la canne est assez light mais avec un moulinet conséquent : ces petites bêtes ne sont pas bien gros (2 à 5 kilos en moyenne)... mais ils peuvent prendre 200 mètres de fil en moins de 2 secondes - littéralement !
Le leurre est un petit "jig" (tête plombée) :
L'action de pêche est simple : on repère les poissons, on lance le jig devant eux et on anime doucement.
Pour les permits, c'est encore plus simple : un petit crabe vivant piqué sur un hameçon simple... et c'est tout. Un permit c'est quoi ? C'est ça :
Contrairement aux tarpons, les bonefish et permits sont recherchés cette fois en eau très peu profonde (moins de 1 mètre) et sont uniquement pêchés à vue. Il est donc inutile de pêcher "à l'aveugle". La seule action de pêche consiste donc à :
- scruter l'eau en continue, tout autour du bateau.
- se déplacer doucement sur le flat (sans moteur évidemment... le bateau est poussé par une grande "perche" que manie le guide).
- changer de flat si aucun poisson n'est aperçu après avoir tout parcouru en long et en large.
Autant vous dire tout de suite que, sans expérience, il est très difficile d'apercevoir le moindre poisson ! Excepté les quelques (magnifiques) raies qui vadrouillent sans aucune peur du bateau (normal, elles ne sont jamais pêchées), je ne vois pour ainsi dire... rien !
Après 1h d'observation, le guide voit 3 bonefish, à une trentaine de mètres, dans les algues. Vite vite, la canne à jig, je vise, je lance... pile au bon endroit, yes ! Et pourtant ... à peine le leurre dans leur champ de vision, les voilà qui partent à toutes nageoires vers le large !
Pfff....
On change (encore) de poste.
Au passage, on aperçoit au loin un gros ... barracuda ? requin ?
Peu importe : Lenny monte en vitesse un gros leurre sur un fil d'acier ! Ca ressemble en fait à un gros élastique de pêche au coup, monté sur 2 triples... et c'est tout.
Je lance sur la route du poisson, il suit sur quelques mètres ! ... puis change d'avis et repart vers d'autres horizons. Décidément, les poissons boudent aujourd'hui !
On passe de postes en postes, on essaye des petites criques qui ressemblent à des coins de paradis ; on passe sur des flats magnifiques ; des étendues d'eaux splendides au ras des mangroves... bref, des coins de rêve !
Mais, même dans des coins de paradis, la pêche reste fidèle à elle-même : quand les poissons ne veulent pas, il n'y a pas grand chose à faire...
Il est midi. Cela fait maintenant 6 heures que nous scrutons l'eau à la recherche de la moindre activité, du moindre petit remou ou reflet qui pourrait trahir la présence de poissons, sans le moindre succès.
La scéance de guidage est censée être finie. Et après tout, au bout de 6h en plein soleil (il fait quasiment 35 degrés à l'ombre - et je ne veux même pas savoir combien il fait sur le bateau !) à observer l'eau et les fonds sableux, la concentration commence à devenir difficile et la fatigue se fait sentir !
Dorénavant, nous sommes prêts à tout : tout poisson qui passe sera une cible potentiel, qu'on se le dise !
Lenny se tourne alors vers moi : "Bon. On a tout essayé. Il y a des jours où il n'y a rien à faire, c'est comme ça... mais là quand même, c'est vraiment décevant ! Tu veux qu'on essaye encore un peu plus ou tu préfères rentrer ?"
Moi : "Ca dépend... si tu penses qu'on a encore une petite chance de sortir un poisson, je ne veux pas la rater !"
Lenny : "Ok, let's try it !"
Franchement, si ça ce n'est pas un guide qui se donne à fond ... !! Quelle pugnacité !
Pendant plus d'une heure, nous essayerons 3 ou 4 autres flats, toujours sans voir le moindre poisson.
Lenny me dit alors "Ok, on va changer complètement d'approche. Les poissons ont mystérieusement déserté les zones peu profondes ... donc on va les chercher là où ils sont !" . En route ! Direction une zone intermédiaire entre un flat et les eaux profondes du large ! Il y a un peu de courant et, surtout, le fond varie de 2 à 4 mètres.
Nous avions commencé la journée avec pour objectif de prendre un tarpon. Puis les objectifs ont du être revu à la baisse et les bonefish et permits sont devenus les cibles recherchées. Dorénavant, nous sommes prêts à tout : tout poisson qui passe sera une cible potentiel, qu'on se le dise !
Comme matériel, je prendrai la canne destinée à la base pour le bonefish : un petit jig lancé en plein courant puis manié énergiquement !
Après quelques minutes, je sens une petite touche... et le premier poisson de la journée est au bout !
Il s'agit d'un petit mangrove snapper . Et quelques minutes plus tard, c'est au tour d'un petit bluerunner de rejoindre le bateau. Même s'ils ne dépassent pas 25 centimètres, ils font bien plaisir après une journée de capot !
Lenny décide tout de même de changer de poste, histoire d'augmenter la taille des prises et faire un peu moins ridicule.
... et bien lui en a pris ! Au premier lancé sur ce nouveau poste, je sens quelques touches que je n'arrive pas à ferrer puis, en animant près du bateau... c'est au bout ! Le poisson est déjà un peu plus joli et offre un combat très sympathique et très nerveux : beaucoup de sauts, de changements de direction, de petits rush. Miam !
Et voici ma première Ladyfish !
Le tarpon du pauvre comme ils l'appellent ici ! Effectivement, son comportement et sa combativité est à peu de chose près identique au tarpon ; seule la taille diffère : les ladyfish ne dépassent pas 1 mètre (moyenne de 60 à 80 centimètres).
Allez, c'est reparti !
Deuxième lancer sur le poste : dès que le leurre touche le fond et que je commence l'animation, j'ai des touches à répétitions. Les poissons semblent se jeter dessus comme des fous mais se ratent lorsqu'ils attaquent le leurre ! Il faut garder son sang froid et ne pas ferrer à tout bout de champs, pour éviter d'en harponner un involontairement.
Et ça marche ! Une deuxième ladyfish est au bout après quelques mètres d'animation à peine !
Alors que je combats tranquillement le poisson, je sens qu'il s'énerve inexplicaquement. Et d'un coup, la ligne casse. Je vois alors ma ladyfish sauter éperdumment dans tous les sens ... poursuivie de très près par un requin à pointe noire, qui finit par la croquer allègrement ! Sacrément impressionnant !
On remets un petit jig et c'est reparti.
Je continue à sortir des ladyfish à tour de bras quand tout à coup .... le moulinet s'emballe ! Après 30 secondes, je crois avoir décroché ou cassé ce beau poisson et ramène la ligne, déçu. Mais quand le fil approche du bateau, la canne se prend un choc coup et je suis stoppé net dans mon élan ! Le poisson revenait vers nous, plus vite que la vitesse de récupération du fil...
Mais cette fois attention, le moulinet s'emballe et commence à vrombir sérieusement ! Le poisson a pris plus de 200 mètres de fil en quelques secondes ... il est temps de le suivre en bateau. Malheureusement, après 5 minutes de combat, ça s'arrête là : je ramène un petit mangrove snapper, avec 3 ou 4 traces de dents de requin...
Incroyable, plusieurs minutes de combats, plusieurs centaines de mètres de fil, mais le poisson n'était pas piqué le moins du monde : il ne voulait tout simplement pas lâcher SON poisson ! Têtu la bestiole !
On se replace sur le poste et, vu que le requin semble très aggressif, on va tenter de le provoquer un peu : un bon popper très bruyant, un bas de ligne en acier et c'est parti !
Dans un premier temps, les ladyfish tentent "gentillement" d'attraper le popper, sans succès : c'est un peu gros pour elles.
Mais au fur et à mesure, le bruit les rend folle : elles se jettent à 4 ou 5 sur le leurre, le rate et recommencent de plus belle. C'est un peu moins efficace que le petit jig du départ, même si je pique quand même un poisson de temps en temps... mais c'est beaucoup plus fun ! Dès que le leurre touche l'eau, c'est la fête, ça bouillone de partout !
Trois petites montées d'adrénaline ont eu lieu quand même : le requin qui est revenu essayer de me voler une ladyfish une première fois en surface ! Il l'a raté...
Du coup, on évite de mettre les mains dans l'eau...
on revoit notre fameux requin qui arrive à toute vitesse derrière le leurre
Puis une ladyfish qui d'un seul coup me fait un départ de fou furieux... qui me fait penser que ce n'est plus une ladyfish en bout de ligne ! Mais cette fois, c'est le requin qui gagne : la ladyfish se décroche ... et finit probablement en paté pour requin.
Et enfin, en fin de pêche, alors que le popper est à quelques mètres du bateau, on revoit notre fameux requin qui arrive à toute vitesse derrière le leurre et ... rebrousse chemin à quelques centimètres du popper ! Rrhhhaaa, il y était presque !
Bon, ça fait maintenant plus de 8h qu'on est sur l'eau, le guide me fait comprendre qu'il ne va pas falloir trop tarder... Je fais un dernier lancer et sort un dernier petit bluerunner pour conclure la journée.
Merci à Captain Lenny pour ce "surplus" de pêche et pour s'être accroché jusqu'au bout ! C'est dans des journées difficiles comme celles-ci qu'on reconnait les vrais , les bons !
Au final, pour un peu plus de 8h de pêche, j'ai fait 7h30 de capot... puis 8 ou 9 ladyfish, 2 bluerunner et 1 mangrove snapper en 40 minutes ! Sans compter les dizaines de décroches et requins ratés... C'est de la folie ! Tout simplement génial. Et la découverte des ladyfish : ces poissons sont survoltés. Les black-bass à coté de ça, c'est de la gnognotte !
Pour conclure ce récit, voici la vidéo tournée lors de cette journée sur les flats. J'ai parfois oublié que j'avais une caméra sur la tête, donc je m'excuse par avance si ça "bouge un peu" !
Et c'est la mort dans l'âme qu'il faut maintenant faire les valises et repartir vers Paris ... La reprise du boulot et du petit train train habituel fut dur, très dur ! Pendant près de 2 semaines, je n'ai pas passé une journée sans repenser constamment à ces quelques jours au paradis.
Je n'ai maintenant plus qu'une hâte : y retourner au plus vite !! Vivement ...